le corbu
C’est un grand bloc coloré au loin sur le boulevard Michelet. J’aimais ces carrés colorés. Je savais qu’on l’appelait la maison du fada. De ma colline du Cabot on n’en voyait que le haut : il est construit pour qu’on pense que c’est un paquebot, sur la mer.
Puis c’est devenu l’immeuble de copains. Rien de plus et rien de moins. On prenait le 45 en sortant de Marseilleveyre. Et on s’entassait dans les chambres-cellules, couloir exigu. Je les trouvais couloir et exiguës mais qu’est ce qu’on a pu rigoler. Et pleurer. Barbara devant l’entrée, pavés de verre colorés. Marc qui avait cassé. Et puis toi qui avais chuté en cyclo. Une bande de copains dévastés.
C’était enfin l’immeuble de Rémy. Mon drôle d’ami. J’allais le voir pour parler de ma vie. Je n’osais pas monter seule dans l’ascenseur. Tout me paraissait étrange ; un monde à part aux habitudes codées parfaitement incompréhensibles aux non-initiés. Que j’étais. Il y avait un liftier.
Avec toi, c’est devenu un rêve.
En bonne marseillaise, j’ai une histoire avec lui. En bon fils d’archi corbuséen, tu veux y vivre.
On sait peu de choses encore de notre vie là-bas. Les contours sont flous.
Mais on sait que tôt ou tard, elle sera là-bas. C’est déjà ça.
Le prince, qui s'y voit déjà...